He 9,11-15
Le sacrement du Corps et du Sang du
Seigneur, est le signe vivant de l’alliance, c’est-à-dire, de la communion
entre Dieu et l’homme. La première
lecture raconte le rite de conclusion de l’alliance du Sinaï; l’évangile, est le récit de l’institution
du sacrement de la nouvelle et éternelle alliance par le sang du Christ. Toutes
les deux lectures se terminent avec un “sacrifice”. Sans doute, le sacrifice du
Christ, qui représente tout au long de
l’histoire le mystère de l’Eucharistie, dépasse en valeur et en efficacité tous
les autre sacrifices de l’ancienne alliance, car il est le “ grand prêtre des
biens avenir” (Hb 9,11), qui “entra une fois pour toutes dans le sanctuaire,
nous ayan acquis une rédemption éternelle” (He 9,12).
La première lecture (Ex 24,3-8) raconte le rite avec lequel se ratifie
l’alliance avec Yahvé au pied de la montagne du Sinaï. Les protagonistes de
l’alliance sont Dieu et le peuple. Tout commence au moment où Moïse annonce au
peuple les paroles du Seigneur, ses lois et ses préceptes, et le peuple accepte
“toutes les paroles que Yahvé a prononcées nous le mettrons en pratique.”
(v.3). Ceci constitue le cœur et la source de l’alliance: à l’initiative gratuite
de Dieu vient le consenti ment et l’acceptation totale du peuple. Après “Moïse
mit par écrit toutes les paroles de Yahvé” (v.4). C’est le document de
l’alliance, qui donne valeur et permettra que l’alliance se perpétue- par sa
lecture dans le temps- pour toutes les générations. Il y a deux symboles
importants: l’autel qu’a construit Moïse, qui représente Dieu; et les douze
pierres, qui représentent les peuples. Il est offert au Seigneur des jeunes
taureaux sur l’auteur et avec son sang, qui est à présent sacré, celui-ci brûle
sur l’autel symbolisant le peuple. Mais avant l’aspersion du peuple, Moïse
procède à la lecture du document de l’alliance qu’il avait écrite. Le peuple
une fois de plus retourne à son acceptation: “tout ce que Yahvé a dit, nous le ferons
et nous y obéirons” (v.7): Le sang-signe de la vie-, en plus consacré par le
sacrifice sur l’autel, est aspergé sur le peuple, créant ainsi un lien de
familiarité entre Dieu et Israël “son premier-né” (Ex 4,22). Un pacte de sang
les unis par une existence de fidélité et d’amour. L’autel, le livre, le
sacrifice et le sang, sont l’expression extérieure de la relation vitale et
mystérieuse entre Dieu et l’homme, engagés dans un chemin de fidélité
réciproque et une adhésion personnelle.
La deuxième lecture (He 9,11-15) est tirée de la solennelle homélie de
l’Eglise primitive connue comme “la Lettre aux Hébreux”, et est centrée sur la
figure du Christ prêtre. Dans cette Lettre se retrouvent plusieurs éléments de
l’alliance sinaïtique et les sacrifices de l’ancien Israël pour montrer la
particularité et la plénitude du sacrifice du Christ, Christ est “grand prêtre
des biens avenir” (He 9,11), c’est-à-dire, du salut éternel de l’homme; la
tente “non faite à main”, c’est son corps (Jn 2,9-11). Il est la victime avec
son sang, non pas avec le sang des animaux comme au Sinaï, le sanctuaire, c’est
le ciel, où il est entré une seule fois pour toujours. Christ ne nous offre pas
une libération passagère comme celle de l’Exode, mais au contraire une
“rédemption éternelle”. Christ nous purifie non pas seulement rituellement et
“dans la chair”, mais avec son sang, vivifié par l’Esprit Saint, “purifie notre
conscience des œuvres qui portent à la mort” (v.14). nous unissant totalement
et définitivement avec Dieu. L’alliance nouvelle et éternelle, réalisée par
Christ Prêtre, dépasse le pacte bilatéral de l’ancienne alliance, devant
laquelle l’homme difficilement est resté fidèle. Le Christ nous introduit dans
la plénitude du règne et du salut comme don gratuit de Dieu à travers sa mort
rédemptrice.
L’évangile (Mc
14,12-16.22-26) raconte l’institution de l’Eucharistie, sacrement de la
nouvelle et éternelle alliance avec le sang du Christ, avec le signe et le
contexte d’un banquet de pâques. Le texte souligne l’initiative de Jésus, qui
invite et fait que les disciples préparent à une telle occasion “une grande
sale, disposée et préparée” (v.15). La sale est l’espace d’amitié et de
l’alliance; le lieu où se réuniront les disciples autour du Maître. Le pain et
le vin représentent dans la cène de la pâques juive les symboles de la
libération de l’Exode: le pain non fermenté rappelle la hâte de la sortie de
l’esclavage; le vin, était l’expression de joie du salut qui venu de la part de
Dieu. Dans la cène, Jésus donne à ces symboles un sens nouveau. Le pain et le
vin représentent le nouveau don de Dieu, représentent le sacrifice que Jésus va
réaliser en faveur de tous les hommes. Le pain et le vin se font présent dans
le corps et le sang du Christ, sang du nouveau sacrifice et de la nouvelle
alliance qui réconcilie et uni Dieu à toute l’humanité. Dans la “grande sale
disposée et préparée” (v.15) naît la nouvelle communauté, liée à Dieu d’une
façon nouvelle et ineffable. Au long de l’histoire, la communauté de la
nouvelle et éternelle alliance célébrera continuellement la même cène
eucharistique pascale, se préparant pour passer un jour avec le Christ à la
cène parfaite pendant laquelle on boira “un vin nouveau dans le règne de Dieu”
(v.25). A travers cette cène, participant du corps et du sang du Seigneur,
l’Eglise se recrée continuellement comme communauté de salut, réalise et
fortifie le lien d’amour indestructible de l’alliance éternelle avec Dieu et
nourrit vitalement la communion d’amour entre ses membres, qui “partage un
unique pain pour former un seul corps” (1 Co 10,17).